Il est un droit que le système patriarcal confère à tous les hommes : celui de scruter, jauger, juger le corps des femmes. Le fait que ces hommes ne soient objectivement pas en position de le faire n’a aucune incidence sur leur « droit » à inspecter des corps qui ne leur appartiennent pas et à exiger de leurs partenaires un soin de leur apparence qu’eux-mêmes ne s’accordent pas.
Il faut dire que les représentations culturelles « standard » mettent généralement en scène des hommes insignifiants (pour ne pas dire moches), parfois âgés, accompagnés d’une femme nécessairement jolie selon les standards de beauté occidentaux : jeune, blanche, mince, agréable à regarder. Dans le milieu du cinéma, des actrices de 25 ans sont régulièrement engagées pour incarner la petite amie d’un homme de 50 ans sans que cela ne choque grand-monde. Les femmes de plus de 45 ans se font quant à elles rares à l’écran ; et lorsqu’elles y figurent, c’est pour jouer des rôles de « femme mûre » ou de grand-mère, très rarement des rôles de femme tout court. Elles sont coupées du désir, condamnées à l’ombre.
Dans de nombreuses œuvres de pop culture (films, séries, bandes dessinées…), le schéma narratif est le suivant : un homme au physique médiocre s’éprend de la plus belle fille des alentours, celle-ci persiste à l’ignorer, il utilise alors quelques tours de passe-passe dont lui seul a le secret, et BOUM, elle tombe miraculeusement amoureuse de lui. Bien souvent, l’homme en question doit user de stratégies confinant presque au harcèlement pour parvenir à ses fins. Mais qu’importe puisqu’à la fin, il repart avec son trophée conquis de haute lutte. L’homme s’est battu, la femme a cédé. Tristement classique.
Le problème ne réside pas dans la mise en scène de couples dépareillés. Pourquoi pas, après tout ? Le problème, c’est que cette asymétrie est non seulement généralisée, mais aussi quasi-exclusivement au bénéfice des hommes. En effet, si les représentations culturelles contemporaines mettent largement en scène des femmes belles avec des hommes laids, l’inverse n’est pas vrai. On ne voit de femmes laides avec des hommes beaux qu’en de très rares occurrences, souvent sous l’angle de la plaisanterie bien grasse et du sarcasme outré.
Je me rappelle avoir été particulièrement choquée en regardant le film 3 Billboards, dans lequel la sublime Abbie Cornish (35 ans) joue la femme de Woody Harrelson (56 ans). On a beau être habitué.e.s à ce genre de représentations, notamment au cinéma, la dissonance m’a cette fois-ci parue bien trop vaste. Presque absurde, ridicule. En quoi est-ce nécessaire de gratifier un personnage de flic en pré-retraite d’une compagne plus jeune de 20 ans ? D’autant plus lorsque le personnage en question est passablement disgracieux et que sa compagne possède, elle, la beauté d’un top-model…

Il n’est pas question ici de juger des situations particulières, mais de s’interroger sur la récurrence et le prétendu caractère « normal » et « naturel » des modèles que l’on nous sert. Pourquoi trouve-t-on normal que des hommes de 65 ans sortent avec des femmes qui en ont 30 de moins ? (l’inverse, en revanche, n’est pas vrai). Pourquoi n’est-on pas plus choqué.e.s par l’hégémonie du male gaze, ce regard masculin qui, dans de nombreuses situations de la vie courante, dissèque avec autorité le corps des femmes ? Pourquoi trouve-t-on acceptable que les hommes puissent « exiger » des compagnes jeunes, minces et belles même lorsqu’eux-mêmes ne possèdent aucun de ces attributs ? Pourquoi s’intéresse-t-on autant à ce qu’ils « préfèrent chez une femme », à ce qui « les excite », aux tenues qu’ils trouvent les « plus sexy pour un premier rendez-vous », à leur « type d’épilation préférée », etc ?
La raison, c’est que la corporéité des femmes appartient à la sphère publique, et donc aux hommes. Leur corps, leur visage, leur façon de s’habiller, de se tenir : tout est sujet à évaluation, jugement, appréciation et/ou sanction. Car le rôle qui leur a été assigné est celui d’un objet décoratif, d’une beauté qui n’a pas vocation à penser ni à s’exprimer. Simplement : être belle, ou a minima agréable à regarder. Occuper l’espace avec grâce et joliesse. Servir de faire-valoir, de totem, dans l’espace public ou au bras d’un homme.
Exiger des femmes qu’elles soient belles, tout le temps et en toutes circonstances, c’est leur imposer une forme de contrôle social. C’est s’assurer de leur soumission (au regard extérieur, aux manifestations du corps, aux attentes des hommes…), et donc maintenir l’état d’infériorité auquel elles ont été assignées. C’est exercer une forme de pouvoir, de contrôle, c’est pouvoir asseoir sa puissance et sa domination sur elles. C’est pouvoir délégitimer leur présence, voire leur existence même lorsqu’elles ne correspondent pas aux critères de beauté standard.

Les injonctions sont en effet une forme de contrôle politique. Créer des normes, c’est s’assurer le contrôle des individus auxquels celles-ci s’adressent. Une femme amputée d’une partie de son libre-arbitre (puisque c’est bien de cela dont il s’agit) est une femme inoffensive, inapte à remettre en cause le système dans lequel elle vit, même et surtout si ce système lui cause du tort. Les diktats affaiblissent les individus et leur capacité à se révolter, à penser par eux-mêmes, à remettre en cause l’ordre établi. Ils permettent notamment de préserver un système très confortable pour ceux qui en tirent les ficelles, à savoir les hommes.
Ériger en idéal absolu une femme irréelle, mystifiée, esthétiquement parfaite, en laissant croire que seule celle-ci a de la valeur, c’est assurer la persistance d’une doctrine patriarcale qui tire de l’asservissement des femmes de nombreux privilèges sexuels, matériels et émotionnels. Faire croire à une femme que sa valeur intrinsèque se mesure à son apparence, c’est brider son existence, freiner ses élans ; c’est s’assurer de son obéissance, sa subordination, sa capacité à obtempérer et à faire vivre un système qui a besoin de la soumission de ses membres pour subsister.
C’est un fait que les hommes et les femmes ne sont pas soumis aux mêmes diktats esthétiques. On peut même aller plus loin et affirmer que, d’un point de vue systémique, les hommes ne sont pas soumis aux diktats esthétiques. Les hommes laids ou ne correspondant pas aux standards de beauté édictés par la société ne sont pas sanctionnés par le regard social, puisque leur valeur ne réside pas dans leur apparence. Là où les femmes vont être louées pour leur beauté, bien plus que pour leur personnalité, leurs compétences ou leurs réalisations, les hommes vont être félicités pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font.
A l’inverse des hommes, les femmes ne doivent pas seulement être compétentes : elles doivent également être belles, c’est à dire correspondre à des critères esthétiques précis et normés. C’est ainsi que les femmes visibles médiatiquement (journalistes, présentatrices télé, actrices, chanteuses…) ne doivent pas seulement posséder les compétences nécessaires à l’exercice de leur fonction. Elles doivent également être agréables à regarder – ce qui suppose de n’être, entre autres, ni trop grosse ni trop vieille. Si elles manquent à ce double devoir, elles seront immédiatement rappelées à l’ordre.
Les hommes, eux, ne se sentent jamais obligés d’être beaux pour se présenter en société ou pour séduire : et pour cause, ils n’en ont aucunement besoin. Le patriarcat les dispense de devoir faire cet effort puisque, comme souligné plus haut, leur valeur sociale ne réside pas dans leur apparence. Leur valeur sociale et leur capacité à séduire : les hommes, au contraire des femmes, ne dépendent pas de leur physique pour être considérés comme désirables.
L’asymétrie « esthétique » de la majorité des couples autour de moi m’a toujours interpellée. Ce n’est pas, en soi, un problème : heureusement que les individus qui ne correspondent pas aux canons de beauté contemporains ont aussi droit à l’amour ! Cependant, lorsque asymétrie il y a, elle n’existe qu’au seul profit de l’homme. C’est lui qui, en dépit de sa disgrâce ou son absence totale de charisme, a le « droit » d’avoir une compagne au physique avantageux. Le droit voire même le devoir, dans certains milieux – les artistes ou les hommes politiques influents, par exemple, ne sauraient s’afficher au bras d’une femme quelconque ou, hérésie suprême, plus âgée qu’eux. Ce sont les hommes en tant que groupe social qui peuvent se permettre d’exiger de leurs compagnes qu’elles apportent un soin particulier à leur apparence (perdre du poids, mettre du maquillage, porter des vêtements plus « sexy »…) alors qu’eux-mêmes n’ont aucun scrupule à se négliger.

Non seulement les hommes disgracieux ne sont pas soumis à la dureté du jugement social, mais en plus ils ne subissent pas les regards réprobateurs des femmes. Les hommes, même moches, même vieux, même repoussants, ont accès au marché amoureux avec une facilité dont ne bénéficient pas les femmes laides. Ils ont le droit de séduire, comme ils ont le droit connexe de scruter, disséquer, commenter le physique des femmes qui les entourent. Cette situation est possible car dans un système patriarcal, la valeur que l’on accorde à chaque individu diffère selon son genre – celle des femmes se mesure à l’aune de leur apparence, par opposition à celle des hommes qui se mesure à l’aune de leurs accomplissements.
C’est ainsi que, légitimés par la norme sociale et les représentations culturelles, des hommes de 60 ans se permettent de draguer des femmes de 30 voire 40 ans de moins sans y voir le moindre problème. Qu’importe : on leur répète depuis toujours qu’ils ont accès à toutes les femmes, même les plus belles, même les plus jeunes, même quand eux ne possèdent aucune de ces qualités. Ils savent qu’un homme est désirable tant qu’il réunit les critères de virilité socialement admis, et que sa potentielle beauté n’entre à aucun moment dans l’équation. Même la vieillesse et la décrépitude du corps qui l’accompagne sont socialement considérées comme des atouts « charme » lorsqu’elles concernent les hommes. Inutile de préciser qu’à l’inverse, ces éléments marquent la fin de la désirabilité potentielle des femmes…
C’est ainsi que des hommes horribles peuvent parader au bras de femmes bien plus belles qu’eux, des femmes qui dans un monde égalitaire et sans stéréotypes de genre ne les auraient jamais regardés. C’est un Donald Trump avec une Melania, un Harvey Weinstein avec une Georgina Chapman, un Vincent Cassel avec une Tina Kunakey (30 ans d’écart), un Jay-Z avec une Beyoncé. C’est ainsi que des hommes qui ne correspondent en rien aux critères de beauté « standard » peuvent se permettre de découper le corps des femmes au rayon laser, et d’émettre des exigences disproportionnées quant au choix de leur partenaire potentielle.

Le fait que les femmes en tant que groupe social consentent à avoir un compagnon « moche » ou beaucoup plus vieux qu’elles (l’inverse étant beaucoup plus rare) est un reliquat du patriarcat. En effet, les femmes ne sont pas censées désirer, mais simplement accepter les avances de quiconque les juge à son goût. Elles sont disponibles, en attente, pas plus actrices de leur désir que de leurs envies ou leurs préférences. Elles doivent être belles, elles doivent plaire et attirer le regard masculin, mais leur propre désir importe peu – ce qui compte, c’est celui de l’autre. Car ce n’est pas en désirant, mais bien en étant désirées qu’elles seront validées en tant que femmes.
Voilà pourquoi les femmes font globalement « moins attention au physique ». Il ne s’agit pas d’une spécificité biologique, mais bien d’un conditionnement social. Par corollaire, les hommes sont conditionnés à s’intéresser avant tout au physique des femmes qu’ils rencontrent. De fait, l’attirance amoureuse et sexuelle est éminemment politique. Si on pourrait la croire purement subjective, intime, elle reste avant tout construite et influencée par les codes socio-culturels avec lesquels nous avons grandi.
Voilà pourquoi il existe tant de couples dépareillés, tant de duos composés d’une belle et d’une bête, d’une femme ravissante et d’un homme disgracieux, d’une jeune femme avec un homme plus âgé de 10,20 ou 30 ans. Tout ceci fait partie d’un système solide, qui utilise le corps des femmes pour mieux les oppresser. Car, si cette inégalité peut sembler bien superficielle au regard de toutes les autres, elle n’en demeure pas moins une importante composante du système patriarcal.
Ainsi, la véritable égalité viendra le jour où les femmes, mêmes moches, même grosses, même vieilles, même non désirables, auront elles aussi le « droit » de se taper des top model, des minets, des jeunots, des hommes de 20 ans leur cadet, des trophées masculins aux abdos bien dessinés. Et surtout, de le montrer.
Vous vous en prenez au groupe d’hommes et vous avez raison. Mais je ressens que le problème est plus vaste. « Ce sont les hommes en tant que groupe social qui peuvent se permettre d’exiger de leurs compagnes qu’elles apportent un soin particulier à leur apparence (perdre du poids, mettre du maquillage, porter des vêtements plus « sexy »…) alors qu’eux-mêmes n’ont aucun scrupule à se négliger », écrivez-vous. Je crois qu’il faut parler d’un modèle social masculin et d’un modèle social féminin, qui comportent des contraintes (surtout pour les femmes) et des libertés (surtout pour les hommes). Les hommes subissent des contraintes qui sont entretenues par leurs pairs, par le groupe d’hommes. Le cliché de la différence d’age et de beauté est présent surtout dans les sphères de pouvoir. Mais il est vrai qu’il entretient chez les hommes l’idée que tout leur est accessible (même quand ils n’ont pas de pouvoir, s’ils trouvent une partenaire — des hommes sans pouvoir ont pu profiter de leur avantage salarial pour capter une femme de l’Europe de l’est ou d’autres continents). Il est chouette d’avoir une femme jolie au bras pour parader publiquement parmi ses compagnons, ses pairs.
Et de même je me demande si l’obligation de beauté ou féminité n’est pas une contrainte transmise aussi par les femmes, et ce miroir déformant de « la presse féminine ». Quand vous écrivez : « Pourquoi s’intéresse-t-on autant à ce qu’ils « préfèrent chez une femme », à ce qui « les excite », aux tenues qu’ils trouvent les « plus sexy pour un premier rendez-vous », à leur « type d’épilation préférée », etc ? », c’est plus un langage de magazine qu’un dialogue entre hommes ! (Je vais lire bientôt Beauté fatale, de Mona Cholet).
Bref, plutôt que « les hommes en tant que groupe social » concret, avec des individus dans l’imitation de quelques vedettes, il faut parler de « les hommes en tant que groupe social structuré par un modèle et le reproduisant par obligation, et avec des différences entre puissants et homme lambda. Dénoncer les hommes, oui, mais avec le carcan qui va avec. Faire le tour du carcan féminin, et le renverser aussi, même quand les femmes le reproduisent également.
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Vous avez tout à fait raison, mais lorsque j’emploie l’expression « les hommes en tant que groupe social », je ne dissocie pas ces derniers du modèle de masculinité standard dans lequel ils ont été éduqués. Ce ne sont pas les hommes en tant que tels qui sont un problème : c’est le carcan normatif de la masculinité au sein duquel ils grandissent.
Et oui, effectivement, l’obligation de beauté est une contrainte qui est également transmise par les femmes, tout aussi (voire plus) fortement que les hommes. Mais, encore une fois, il s’agit là de sexisme intériorisé.
Enfin, il y a effectivement sur ce sujet une différence notable entre hommes lambda et hommes puissants, que j’aurais peut-être dû mettre en exergue, mais l’article aurait été interminable… 🙂
Je vous souhaite en tout cas une bonne lecture de Beauté Fatale, c’est un excellent ouvrage qui a été fondateur dans ma construction féministe.
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Merci beaucoup d’avoir partagé cet article, qui fait écho à une expérience que j’ai dernièrement vécue. En effet, lorsqu’un homme se permet de faire des réflexions sur le physique d’une femme, que ce soit des compliments ou le contraire, il la rappelle sans cesse à sa condition de femme, c’est-à-dire qu’elle est assignée:
– à être un objet de désir (ou pas) qui est à la disposition des hommes et qui n’a pas de désir propre,
– à être un objet sexuel qui se doit d’être joli, etc. (renvoie à ce que vous décrivez). Ainsi, je me demandais comment faire pour répondre à ce genre de commentaires dans la vie quotidienne? Comment ne pas se couper d’une vie sociale face aux injustices omniprésentes?
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Merci pour votre commentaire ! C’est tout à fait ça : les compliments (ou les critiques) sur le physique des femmes vise avant tout à les rappeler à leur condition supposée « inférieure ». Pour ce qui est de répondre à ces commentaires… Mon côté cynique m’enjoindrait à faire la même chose avec les hommes concernés, une solution sans doute efficace à court terme mais peut-être pas des plus intelligentes !
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C’est vraiment intéressant que tu soulignes cette disparité car le discours majoritaire a plutôt tendance à parler d’un avantage des femme sur le « marché de l’amour » (le terme en dit déjà long), que n’auraient pas les hommes qui galéreraient indéfiniment… S’il est vrai que les normes de séduction en vigueur sont difficiles à porter pour les hommes qui n’ont pas le caractère adéquat ou ne se reconnaissent pas dedans, c’est quand-même difficile de ne pas voir que toutes les femmes ne sont pas à égalité là dedans (et même celles qui sont « avantagées » d’un point de vue extérieur, à quel prix !!).
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Ah, le fameux avantage des femmes sur le « marché de la séduction »… Peut-être, mais à condition qu’elles soient belles, jeunes, et minces. Ce qui exclut quand même un bon nombre de personnes ! Personnellement, je vois beaucoup plus d’hommes « laids » avec des belles femmes que le contraire. Et je constate que la pression à être agréable à regarder ne s’applique quasiment qu’aux femmes. Les hommes aussi ont leur diktats, mais ils ne conditionnent pas leur accès à la séduction. C’est là une différence majeure avec les femmes, car une femme qui ne « prend pas soin » d’elle, ne s’épile pas, ne se coiffe pas, ne se maquille pas, ne cache pas ses cheveux blancs, etc, aura beaucoup plus de mal à être considérée comme attirante !
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Je suis carrément d’accord, mais je crois que jusque là j’avais du mal à le formuler, je pense que je vais garder ton article sous la main si cet argument m’est ressorti un de ces quatre !
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Plutôt d’un carcan pour les hommes, je parle d’un « embrigadement », car c’est aussi une servitude volontaire de leur part, servitude dorée d’ailleurs. Nous nous imaginons difficilement hors brigade (on est très seul, pas plus avantagé sur le marché de la séduction, on est déserteur) et nous avons des privilèges autant qu’un cadre pour se valoriser , entrer en compétition. Pourtant il faut s’en libérer de cet embrigadement où on participe à imposer activement la domination masculine.
Sur le marché de la séduction, il est clair à mon avis que l’homme ne s’imagine pas objet, (regardé et jaugé) mais acteur gesticulant et attractif par un comportement. Mais à la merci d’une réponse positive de celle qu’il convoite, ou d’une autre par dépit. Il parle d’une « conquète » mais il n’est pas dupe. Il sait que l’argent et le pouvoir aident certains à une attraction améliorée. Mais une fois qu’elle consent, il se conclut un contrat déséquilibré, « léonin », où il a des droits de dominant, d’abuseur ; et il est totalement non conscient (dans le déni) du déséquilibre hiérarchique et de l’exploitation de « sa » femme.
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» Car ce n’est pas en désirant, mais bien en étant désirées qu’elles seront validées en tant que femmes. » Parfois quand je me rends compte qu’on en est encore là, un vertige me saisit. Pencher la tête, sourire, être belle, attentive, une muse, une fée. Et lorsque qu’on est plus désirée se sentir inutile.
Je me souviens d’une de mes tantes qui me disait « ça y est plus aucun homme ne me regarde », elle venait de passer la barre des 60 ans. Son désespoir dans sa voix, son regard… ce vide d’un seul coup qui la saisissait.
Qu’est-ce que j’aimerais que les jeunes femmes ne servent plus d’étendard de richesse (car c’est bien d’économie dont il s’agit), qu’est-ce que j’aimerais que des vieilles femmes (à partir de 45 ans donc ?) aient la liberté d’être désirées par des hommes plus jeunes, plus beaux qu’elles.
On ne peut pas dire que dans la rue je croise ces couples là, mais les autres oui à la pelle !
Votre article est un constat très clair de notre présent, oui on en est encore là. Je vais vous dire un secret : la seule qualité que je trouve à notre Président, c’est son couple assumé. Un exemple ? Vue les (mauvaises) réactions que cela suscite que craint que non…
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Bonjour, article très intéressant. Je suis d’accord sur beaucoup de point mais ce qui m’interpelle c’est ceci : « L’asymétrie « esthétique » de la majorité des couples autour de moi m’a toujours interpellée. Ce n’est pas, en soi, un problème : heureusement que les individus qui ne correspondent pas aux canons de beauté contemporains ont aussi droit à l’amour ! Cependant, lorsque asymétrie il y a, elle n’existe qu’au seul profit de l’homme. C’est lui qui, en dépit de sa disgrâce ou son absence totale de charisme, a le « droit » d’avoir une compagne au physique avantageux. »
De mon côté, dans la vie de tous les jours, je ne vois pas ceci chez les couples autour de moi. Je pense aux amis, à la famille etc etc. Ce type de couple asymétrique, comme indiqué dans ce texte, je les vois surtout dans des couples ou la différence en CSP est grande. Ce phénomène est indéniable autour des hommes riches, puissants ou célèbre mais je ne me rappelle plus la dernière fois que ceci m’a interpellé parmi mes fréquentations. Bien sûr, mes anecdotes personnelles ne peuvent pas être extrapolées.
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Bonjour, et merci pour votre commentaire 🙂
Vous avez raison, cette asymétrie est d’autant plus perceptible que l’homme est riche et/ou puissant.
Mais personnellement, je la constate aussi (dans une moindre mesure) dans les couples « lambda ». C’est une observation purement subjective, mais je sais pour en avoir déjà parlé autour de moi qu’elle est partagée par de nombreuses personnes. C’est tout simplement que le « fardeau » de la beauté incombe principalement aux femmes, tandis qu’on attend autre chose des hommes qu’une simple apparence.
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Bonjour, article très intéressant. Je suis d’accord sur beaucoup de point mais ce qui m’interpelle c’est ceci : « L’asymétrie « esthétique » de la majorité des couples autour de moi m’a toujours interpellée. Ce n’est pas, en soi, un problème : heureusement que les individus qui ne correspondent pas aux canons de beauté contemporains ont aussi droit à l’amour ! Cependant, lorsque asymétrie il y a, elle n’existe qu’au seul profit de l’homme. C’est lui qui, en dépit de sa disgrâce ou son absence totale de charisme, a le « droit » d’avoir une compagne au physique avantageux. »
De mon côté, dans la vie de tous les jours, je ne vois pas ceci chez les couples autour de moi. Je pense aux amis, à la famille etc etc. Ce type de couple asymétrique, comme indiqué dans ce texte, je les vois surtout dans des couples ou la différence en CSP est grande. Ce phénomène est indéniable autour des hommes riches, puissants ou célèbre mais je ne me rappelle plus la dernière fois que ceci m’a interpellé parmi mes fréquentations. Bien sûr, mes anecdotes personnelles ne peuvent pas être extrapolées.
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C’est super intéressant ! J’ai fait une BD assez récemment sur les normes de beauté imposées aux femmes (« Souffrir pour être belles » – https://dansmontiroir.wordpress.com/2018/05/23/souffrir-pour-etre-belles/)
Cet article vient encore davantage alimenter mes réflexions sur le sujet. 🙂
Merci !
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Merci beaucoup !
Je connais votre blog et avais déjà lu votre BD, que j’avais trouvé très intéressante et pertinente 🙂
C’est un plaisir de vous retrouver ici !
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On m’a conseillé la lecture de ton article en écho à ceux que je viens d’écrire sur le sujet, et je ne suis pas déçue. Tu exposes très clairement les problématiques liées à la beauté et la laideur dans les supports culturels. C’est particulièrement marquant dans le cinéma, mais aussi dans la littérature, en particulier tout ce qui est Fantasy et genres de l’imaginaire. On tolère facilement qu’un homme soit moche, abîmé, tordu, mais une femme, c’est une autre histoire… Comme si la beauté était une condition pour qu’elle soit intéressante.
Si cela t’intéresse, je pose ça là :
http://elodie-agnesotti.com/les-personnages-feminins-arret-sur-image-1-2/
http://elodie-agnesotti.com/physique-des-personnages-feminins-2/
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Merci beaucoup pour ce commentaire !
Je vais lire avec intérêt tes articles sur le sujet.
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» La femme séduit naturellement les hommes pour lesquels elle représente « La femme ». Si, comme l’actrice Zsa-zsa Gabor, elle ne peut « tomber amoureuse à moins de un million de dollars » il lui faudra alors être ravissante et un peu cultivée. La beauté est alors un plus, une dot offerte par dame nature qui permet l’échange, capital esthétique contre capital économique.
» Extrait de « Le féminisme et ses dérives Rendre un père à l’enfant-roi »
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Pourquoi personne n’a cité Brigitte Macron? Pourtant l’article semble récent…
Et pour ce qui est des hommes laids qui auraient accès aux belles femmes… je dirais que ce n’est possible que quand l’homme a des gros moyens financiers. Les hommes laids de la classe moyenne-basse, voire basse tout court finissent généralement seuls, voire même subissent le stéréotype du « type chelou qui vit seul à 40 ans » (ça doit forcément être un gros pervers qui mate des pornos japonais ou alors il vit encore avec sa maman).
La meuf « moche », parce qu’elle a un vagin elle pourra toujours trouver quelqu’un. Ah peut-être qu’elle n’aura pas le Chris Hemsworth de la boîte, mais elle a plus de chances de trouver. Même les grosses arrivent à « pécho » sur les sites de rencontre (qui dit grosse dit gros boobs au moins pour les mecs). Alors que le gros, le mec obèse bah… il n’aura probablement personne, à part peut-être une obèse comme lui.
Pour info, je suis une femme, je ne suis pas en train de prendre la défense des hommes. Je suis d’accord avec l’ensemble de l’article mais je le trouve trop manichéen. Un homme laid et gros (de surcroit) ne peut s’en sortir que s’il a une position sociale très élevée et des ressources financières à la hauteur (Depardieu par exemple). Un « gros » lambda ça devient un gros geek qui mate des séries et joue à WoW.
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C’est « marrant », on ne doit pas vivre dans le même monde. Personnellement, je vois beaucoup plus d’hommes laids avec des femmes jolies que l’inverse (et ces hommes n’ont pas nécessairement un super métier ni une immense fortune, pour casser le cliché). C’est juste, comme je le dis dans l’article, que l’apparence physique ne revêt pas la même importance pour les hommes que pour les femmes. Et je ne suis pas du tout sûre que les « grosses », comme vous dites si joliment, aient plus de facilités que les hommes à séduire sur les sites de rencontre. Il ne faut pas oublier que les femmes sont tenues à des standards de beauté particulièrement exigeants, et que les hommes ont beaucoup plus tendance à aborder des femmes qui leur sont « supérieures » physiquement, quitte à ignorer les autres. Des refoulées du marché de la séduction, il y en a plein, beaucoup plus qu’on ne le croit. Il ne suffit pas d’avoir un vagin, sinon les « vieilles », les « obèses », les femmes handicapées, et toutes celles qui ne correspondent pas aux critères de beauté actuels auraient un succès fou.
Quant au fait que les hommes laids puissent compenser par leur position sociale et/ou leur argent, c’est justement une des conséquences du patriarcat et je le dénonce dans l’article.
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Bonjour,
Je rebondis sur l’argument « une femme moche pourra toujours trouver quelqu’un car elle a un vagin ». Déjà, oui, à condition de ne pas être regardante et d’accepter de se faire maltraiter. ça arrive parfois d’entendre un homme dire qu’il « s’est tapé une moche » par dépit. Son discours est encore plus dégradant que pour les autres femmes, il la considère généralement comme « une poupée gonflable ». Il faut avoir le coeur bien accroché.
Demandez également aux femmes rondes, donc considérées « hors des critères de beauté » : beaucoup disent que les hommes n’assument pas de sortir avec elles et les « cachent » à leur amis. Donc non je ne crois pas qu’on ait un avantage là dessus.
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Assez d’accord sur l’incohérence de certains couples au cinéma ou à la ville. C’est rare de voir un beau mec avec une nana pas très avantagée ou plus âgée. Dans la rue ce sont des perles pas si rares. Néanmoins les femmes de 50 ans ne sortent pas forcément avec des types de 70 ou ne restent pas vieille fille. Elles sont aussi difficiles que les mecs et cherchent celui qui correspond à leurs archétypes … faut pas croire ! La société ne permet plus les vraies rencontres et les virtualisent pour répondre à des canons de consommation qui ne sont pas en faveur de la femme mais qui parfois envoient nager profond bien des hommes. Je préfère les nuances, rien n’est blanc rien n’est noir, j’évite paniers et étiquettes. On en bave tous et il est normal de vouloir être en couple avec quelqu’un de beau et de jeune. Le mythe de l’éternelle jeunesse est universel non ? Toutefois l’autre n’est pas obligé de se laisser convaincre et surtout pas quand les raisons n’ont rien à voir avec l’amour.
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Mais si justement, beaucoup de femmes sortent avec des hommes bien plus âgés et/ou disgracieux quand elles-mêmes sont jeunes et belles. En soi, chacun fait bien ce qu’il veut, et vous avez raison : rien n’est tout blanc ni tout noir. Mais on ne peut pas nier que ce système est beaucoup plus favorable aux hommes (qui restent désirables jusqu’à très tard) qu’aux femmes (sur lesquelles pèsent d’innombrables injonctions à la beauté, et qui en plus ont une « date de péremption »…) C’est ce que j’essayais de dénoncer dans l’article 🙂
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Oui sur le dernier point vous avez peut-être raison les hommes donnent l’apparence de mieux vieillir malgré leur calvitie, leur double menton et leur ventre de notaire. Par contre on dit que la différence de maturité émotionnelle est de dix ans en faveur des femmes, ça équilibre un peu !
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Si je puis me permettre de répondre, un an et demi après…
Evidemment que la pression esthétique pèse bien plus sur les femmes que les hommes. On le constate absolument partout. Les fringues, le maquillage, les différents types de chaussures, le vernis à ongle… tous ces artifices sont faits pour vous, les femmes.
MAIS… n’est-ce pas aussi un avantage ? Il suffit de faire du shopping pour avoir de la valeur sociale. Tant qu’une femme a entre 16 et 50 ans, et qu’elle n’est pas obèse, elle a de la valeur auprès des hommes simplement en se préparant le matin.
Moi, en tant qu’homme, on me demande pas de me fringuer (je le fais quand même). Mais on me demande de « me la péter » : d’avoir du charisme, de l’humour, des compétances sociales (savoir parler aux inconnues, fédérer des groupes)… On me demande d’être un leader social, ou sinon, d’avoir plein de fric, d’être une star… et si j’ai pas tout ça ? Si je suis au smic, si je suis drôle et charmant mais aussi pudique en séduction ? Si je n’ai pas envie de jouer au chevalier mais simplement que la séduction se partage des deux côtés ? Et bien les choses se compliquent.
Et des hommes comme moi : plutôt beaux, drôle, sympa mais anti Dom Juan, il y en a pleins pleins pleins !
Il y a des avantages et des inconvéniants chez les deux sexes. Le patriarcat ne profite pas aux hommes. Il profite aux hommes puissants… grosse nuance 😉
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Cette injonction de la femme jeune et belle pour n’importe quel homme ne date pas d’hier !
Pour anecdote à la fin du Moyen Age un charmant prête autorisa le maquillage ( qui était alors banni par l’Eglise ) « pour les vierges et les jeunes femmes laides »… En somme l’homme ne peut désirer une femme que si celle-ci se transforme, modifie sa nature alors que jusque là le maquillage et autres cosmétiques étaient officiels bannis parce que les utiliser c’était « trahir la création de Dieu » (rien que ça !). Mais le plus ironique dans tout cela c’est que les cosmétiques furent utiliser par les femmes durant toute la chrétienté parce que ces dames devaient coûte que coûte plaire aux hommes…
En tout cas quand on regarde l’Histoire, il est assez effarant de voir que l’image de la femme est trop souvent celle de la jeunesse et de la beauté (un corps frais, ferme, tonique). Objet désirable, voilà son seul statut.
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Moi je suis un homme approchant les 57 ans et les femmes de 35/40 ans très souvent me font du charme et veulent être avec moi. Pourquoi stigmatiser les hommes et les montrer du doigt comme d’horribles voleurs de jeunes femmes? Le pire est quand même que vous oubliez un truc, beaucoup de femmes, pas toutes mais énormément, veulent un homme mature car disent-elles, ils ont plus d’éducation, de savoir, de charme. Sont souvent moins machos que les plus jeunes, sont souvent moins égoïstes et ont de l’experience et de la conversation. Parfois même le sujet qui revient et le confort matériel. Un homme plus âgé a eu le temps d’économiser de l’argent ou réussir dans la vie. N’oubliez-pas que les femmes recherchent très souvent la protection, le respect et être mises en valeur par un homme de qualité qui prend soin d’elle et prend le temps de les écouter parler. Dans mon car en tout cas, ce n’est pas moi qui suis attiré par les plus jeunes femmes mais le contraire. Et je ne suis pas dupe, c’est très très souvent les femmes qui ont le dernier mot, nous autres, les hommes n’avons pas l’embarras du choix et quand une femme ne veut pas de nous, il n’y a rien à faire… ne confondez pas le cinéma et la vraie vie. En gros vous prenez le problème à l’envers, mais qui dit que c’est un problème? Regardez comme Céline Dion a aimé son mari bien plus vieux.
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Votre petite expérience personnelle n’est pas le sujet de l’article. Et si je peux me permettre, ce n’était pas la peine de préciser votre âge, j’aurais aisément pu le deviner par la teneur de ce message pétri de clichés…
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J’ai souvent tenté d’être accompagné d’une femme de mon âge, mais celles-ci ne voulaient pas, semblaient me prendre à chaque coup pour une bonne copine. Elles n’ont de respect et d’attachement que pour les plus vieux, il faut aller leur demander pourquoi hein? Vous n’avez décidemment rien compris aux dames…
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Ca c’est de la réflexion sociologique ! 😀
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