Image

5 livres écrits par des femmes, à offrir ou à s’offrir

Vous aimeriez introduire plus de femmes dans votre bibliothèque ? Vous cherchez des idées de livres à offrir à Noël (ou à ajouter à votre pile à lire, comme on dit dans le métier) ?

Vous avez envie de dire fuck au juré du prix Goncourt qui a (encore) récompensé un homme ? Fuck aux boy’s clubs masculins qui, dans un élan quasi-incestuel, continuent à se promouvoir et se récompenser les uns les autres ? Fuck aux programmes de français qui continuent à invisibiliser les femmes ?

Entrez donc en résistance avec moi : je vous propose dans cet article les 5 meilleurs livres de 2020 écrits par des femmes. Plus que jamais, nous avons besoin d’une pluralité de regards pour enrichir notre imaginaire collectif ; plus que jamais, nous avons besoin des regards féminins.

1 – BETTY, de Tiffany McDaniel

Attention. Je crois que nous tenons là l’un des meilleurs livres de 2020, si ce n’est l’un des meilleurs livres TOUT COURT.

«  Betty » est tout simplement un chef-d’œuvre.

L’autrice Tiffany McDaniel s’est inspirée de l’histoire de sa mère pour écrire ce roman qui suit la vie de Betty, née de père Cherokee et de mère Blanche dans l’Ohio des années 50. L’autrice américaine a longtemps dû batailler pour faire publier ce roman, auquel les éditeurs reprochaient de déployer un regard trop « féminin » (sic). On lui conseilla même de remplacer le personnage principal par… un garçon (il est vrai que la littérature manque cruellement de protagonistes masculins !).

« Betty » est difficile par les sujets qu’il aborde (l’inceste, les violences sexuelles), mais il est aussi une démonstration magistrale sur le silence comme outil de perpétuation de la violence. Plus encore, il est d’une beauté rarement égalée, que ce soit dans l’écriture, les réflexions ou les métaphores employées.

En outre, il propose le plus beau personnage de père que j’ai jamais rencontré dans un roman, loin des pères toxiques et/ou absents auxquels nous a habitué la littérature.

Je vous le garantis : vous refermerez ce livre en pleurant.

2- LE SILENCE D’ISRA, de Etaf Rum

Ce roman narre la vie d’Isra, née en Palestine et mariée de force aux Etats-Unis à l’âge de 17 ans. Cloîtrée dans sa nouvelle demeure, forcée à procréer pour « donner » à son mari les héritiers tant attendus, elle ne met au monde que des filles. 18 ans plus tard, c’est la révolte de sa fille aînée, Deya, que l’on va suivre. Un parcours semé d’embûches et de secrets, que ce roman passionnant nous donne à voir. Obscurantisme, difficultés à s’extraire des traditions familiales, condition des femmes dans les pays cadenassés par la religion, servitude volontaire, douleur de l’exil… « Le silence d’Isra » aborde de nombreux sujets, dans une langue fluide et agréable à lire.

3- LA DEUXIEME FEMME, de Louise Mey

En nous plongeant dans la tête de Sandrine, une femme victime de violences conjugales, l’autrice nous donne à voir le fonctionnement du mécanisme d’emprise et la façon dont il se resserre sur la victime, jusqu’à lui ôter toute force et tout esprit critique. C’est vertigineux, révoltant, passionnant. « La deuxième femme » décrit avec précision ce schéma classique et étonnamment rigide, ce cercle infernal dans lequel tant de femmes se retrouvent prisonnières : débuts passionnés, emménagement qui suit dans la foulée, dénigrement, humiliations, piège qui se referme, début des violences physiques. Le personnage de l’homme (dont le nom n’est jamais cité, comme pour mieux souligner son insignifiance) est insupportable, odieux, mais très justement dépeint.

Un livre très puissant pour mieux comprendre le mécanisme d’emprise et la réalité des violences conjugales.

4– FILLE, de Camille Laurens

« Laurence Barraqué grandit avec sa sœur dans les années 1960 à Rouen. « Vous avez des enfants ? demande-t-on à son père. – Non, j’ai deux filles », répond-il. Naître garçon aurait sans doute facilité les choses. Un garçon, c’est toujours mieux qu’une garce. Puis Laurence devient mère dans les années 1990. Être une fille, avoir une fille : comment faire ? Que transmettre ? »

J’ai refermé ce livre (une autofiction déguisée en roman) en me demandant : qu’est-ce qui ne va pas dans notre société pour que l’autobiographie de (presque) toutes les femmes soit émaillée de violences, des plus fugaces aux plus évidentes ?

Ce livre est d’une grande violence, et pourtant il n’en a pas conscience. C’est justement ce qu’il raconte : l’acceptation tacite par les femmes des violences morales, économiques, sexuelles dont elles sont victimes. Mais « Fille » n’est pas que ça. Il est aussi un beau portrait de femme, touchant, drôle parfois, révoltant souvent. Un livre qui remue et invite à la réflexion.

5- LA FILLE DE L’ESPAGNOLE, de Karina Sainz Borgo

« Adelaida Falcón vient d’enterrer sa mère lorsque de violentes manifestations éclatent à Caracas. L’immeuble où elle habite se retrouve au cœur des combats entre jeunes opposants et forces du gouvernement.
Expulsée de son logement puis dépouillée de ses affaires au nom de la Révolution, Adelaida parvient à se réfugier chez une voisine, une jeune femme de son âge surnommée «la fille de l’Espagnole». Depuis cette cachette, elle va devoir apprendre à devenir (une) autre et à se battre, pour survivre dans une ville en ruine qui sombre dans la guerre civile »

Un très beau roman à l’écriture puissante, qui comporte de belles pages sur l’exil. A lire non pas tant pour l’intrigue que pour la description (très) crue de la situation politique et sociale du Venezuela.

6- Bonus : LE GENRE DU CAPITAL, de Céline Bessière et Sybille Gollac

OK, ce n’est pas un roman mais un essai. Mais je vous en conjure : lisez-le.

« On sait que le capitalisme au XXIe siècle est synonyme d’inégalités grandissantes entre les classes sociales. Ce que l’on sait moins, c’est que l’inégalité de richesse entre les hommes et les femmes augmente aussi, malgré des droits formellement égaux et la croyance selon laquelle, en accédant au marché du travail, les femmes auraient gagné leur autonomie. Pour comprendre pourquoi, il faut regarder ce qui se passe dans les familles, qui accumulent et transmettent le capital économique afin de consolider leur position sociale d’une génération à la suivante. »

On y apprend comment les femmes se font détrousser par leur propre famille, avec la complicité (consciente ou non) des notaires, des avocat.es et des gestionnaires de patrimoine. Et pourquoi le capital reste aux mains des hommes (dans le monde, les hommes détiennent 50 % de richesses en plus que les femmes).

Saviez-vous que les pensions alimentaires étaient défiscalisées pour celui qui les paye, et taxées pour celles qui les reçoivent ? C’est l’une des nombreuses choses que vous apprendrez dans cet essai brillant.

4 réflexions sur “5 livres écrits par des femmes, à offrir ou à s’offrir

  1. Ma compagne vous recommanderait : Páscoa et ses deux maris,Vie d’une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au XVIIe siècle, de Charlotte de Castelnau-l’Estoile. Ce n’est pas un roman, mais une mise en contexte de documents historiques entre ces trois continets : colonisation, religion, moeurs. Passionnant (j’attends de le lire aussi).

    J’aime

  2. Tu m’as donné envie de lire Le genre du capital ! Faut juste que j’arrive à finir Le Deuxième sexe d’abord (je préfère éviter de lire plusieurs livres en même temps) mais j’ai beaucoup de mal à lire X_x ! Entre la description interminable des insectes et les tournures de phrases bizarres, c’est hard.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s